Cary Audio CAD‑300 SEI : du 300B à la sauce US.

Il est des amplificateurs qui ne se contentent pas de reproduire la musique : ils la transcendent. Alors le Cary Audio CAD‑300 SEI, avec son cœur triode 300B en Single‑Ended, fait-il partie de ces rares créations ? Son budget plus accessible que les autres intégrés 300B le rend d’autant plus séduisant sur le papier. Son Diapason d’Or est-il mérité ? Vous l’avez compris je suis à la fois curieux et impatient.
D’autant plus que ce prêt fait suite à plusieurs mises à disposition de produits CARY ces derniers mois : le gros ampli/DAC SI-300-2d – transistor 300W également à 8 000€ttc et 2 Serveurs : DMS-800PV le flagship à 18 000€ttc et l’entrée de gamme DMS-650 à 7 500€ttc, tous les 2 Diapason d’Or également. J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur le 1er tant les performances en font l’un des serveurs/Streamer/DAC les plus désirables du marché.

Mais revenons à nos tubes

Une élégance tactile et visuelle

Dès le premier regard, le CAD‑300 SEI captive. Son châssis compact en acier silver/black, surmonté de tubes 300B placés en majesté, développe une présence à l’allure raffinée et solide. En effet dès sa sortie de carton, on comprend qu’il s’agit d’une offre sérieuse, avec une fabrication à l’américaine. c’est du costaud. Quand en plus il s’agit d’une marque mythique qui m’avait marquée dans mes jeunes années avec l’écoute de blocs mono 845 inaccessibles pour moi sur des grosses KAPPA, l’impatience de découvrir la bête était grande.

Architecture sans compromis : du tube, Cary sait faire…

Sous le capot, le CAD‑300 SEI dévoile une architecture rigoureuse et dépouillée. En résumé de la description du fabricant :
• Étages d’entrée et de commande : un tube 6SN7 pour les signaux, suivi de deux 6SN7 agissant comme drivers (un par canal)

• Amplification : une paire de 300B direct‑heated triodes, sans rétroaction ni compromis, montées sur des transformateurs faits main avec circuits à entrefer
• Alimentation : un filtrage en pi-L, condensateurs électrolytiques de forte capacité, redressement full-wave et démarrage progressif pour protéger les tubes
Cette rigueur de conception participe à une musicalité viscérale, une scène sonore limpide et un silence de fond assez rare en tubes (–90 dB) .

Donné pour seulement 15 watts classe A, ce qui est déjà beaucoup pour du 300B. Il faut reconnaitre que c’est bien suffisant pour alimenter mes « bibliothèques étalons » (Mulidine Alma) et des petites colonnes.

1ère sensation : je dirais la puissance au service de la finesse et encore il s’agit des tubes de série. L’importateur peut proposer des Western Electric beaucoup plus performantes, mais cela grèvera un peu le budget. Les tubes de série donne déjà un bon aperçu et laisse entrevoir le potentiel de cet intégré.
Avec ses 15 W par canal en classe A, cet intégré ne vise pas la démesure. Il sera recommandé de le marier avec des enceintes plutôt de bonne sensibilité (≥ 93 dB), ce qui n’est pas le cas des Mulidine ALMA. Et pourtant le mariage fonctionne et on se laisse prendre par les écoutes successives.

Il dispose d’une sortie casque très pratique et est vendu avec une télécommande métallique et qualitative. A noter une petite manipulation à faire pour obtenir du son. il faut le savoir car je l’ignorai au départ

Ce que vous allez apprécier

Le CAD‑300 SEI révèle rapidement sa nature : un médium dense, une image tridimensionnelle, des voix palpables. Le CAD‑300 SEI déploie toute sa force dans les solos, les nuances, les crescendos, avec une cohérence et un naturel envolés.
Il faut noter aussi un silence absolu. Peu d’amplis à tubes peuvent prétendre à un tel silence de fond. Aucune gêne perçue à proximité du système, le CAD‑300 SEI se distingue par un confort d’écoute rare .
Les aigus sont peut-être le point le plus critique, je dirais qu’ils présentent beaucoup de douceur, mais peut être pas les plus fouillés. Il faudrait changer les tubes pour se faire un avis plus tranché. Pour le coup, il sera difficile de trouver de l’agressivité, renforçant la douceur et la beauté de la restitution. Aucune frustration sur le grave même si j’ai entendu mieux sur du EAR Yoshino notamment. Mais même remarque sur les tubes que pour l’aigu.
Au final j’y trouve beaucoup de plaisir et de chaleur. il faut noter l’absence de fatigue auditive lors des écoutes prolongées

Réglages et maintenance : pensez pour l’audiophile

L’installation se fait tube par tube, très simplement sans affichage numérique, mais avec un réglage manuel du bias (150–160 mV via un jack 6,35 mm relié à un voltmètre). Cet appareil est fourni par le constructeur et permet d’ajuster au mieux le niveau de BIAS mais aussi de le contrôler de temps à autres. Cette approche artisanale renforce le lien intime entre l’utilisateur et son amplificateur.

Le CAD‑300 SEI chauffe comme tous bons tubes et classe A. Il consomme environ 107 W continus d’après les données trouvées. Penser à le positionner en hautedur pour le laisser respirer plutôt que de le positionner dans les étages d’un meuble.

En résumé

Le Cary Audio CAD‑300 SEI est un instrument de communion intime avec la musique. Une belle réussite en terme de fabrication et d’émotion qui cultive beauté, nuances et une dimension particulièrement charnelle sur les voix. Un premier choix pour les amateurs. de jazz, musique baroque…

A 8 000 €, pour quelqu’un qui rechercherait spécifiquement du 300B et la magie de ce type de tube, c’est un prétendant à considérer. Néanmoins comme souvent, cet ampli mérite de prendre le temps de tester d’autres tubes pour en tirer le meilleur et booster les performances ou tout simplement l’adapter à vos goûts ou autres équipements.

Cary Audio sait clairement y faire.

Fiche technique

https://youtu.be/pNjptwW2Wa0

Ce produit m’a été prêté temporairement par le distributeur /Roboli Design pour évaluation. Je ne suis pas rémunéré pour la rédaction de cet article, et mes opinions exprimées ici sont personnelles, sincères et non influencées par une quelconque contrepartie.