Le roi est mort, vive le roi !

c’est un peu la première idée qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai déballé le carton d’expédition de cette appareil, tant la filiation avec feu Audio Aero est évidente. L’appareil est magnifique dans ce coffret en alu massif, il pèse son poids aussi (25kg). Immédiatement, nous savons que l’on a affaire à une électronique high-end. Et cela fait plaisir de voir qu’il y a des initiatives admirables en France, sur un marché pourtant au combien compliqué. Mais est-ce que le plumage vaut le ramage, c’est la vraie question qui m’intéresse… et vous aussi je pense.

Bruno Ginard, homme passionné et dirigeant de Vermeer Audio, dont vous pourrez retrouver l’interview à la fin de cet article, s’est lancé avec une partie de l’équipe technique d’Audio Aero dans cette nouvelle aventure audiophile avec la création de la marque Vermeer en région lyonnaise. Crée en 2014, il a repris le fond de commerce et les licences sur les produits. Ainsi sur le plan technologique, elle s’inspire des basiques qui ont fait le succès de cette marque en France et à l’étranger. Mais elle est autrement plus ambitieuse puisque aujourd’hui le marché a évolué à l’heure du digital et de la musique dématérialisée. Donc pas question de rebadger les derniers lecteurs CD intégrés La Source ou La Fontaine… aussi bons soient-ils. Le TWO a son lot d’innovations.
Ici, aussi surprenant que cela puisse paraître, pas de mécanique CD. le TWO est un « tout en un » renfermant un DAC de très haut niveau, le coeur de l’appareil, un streamer compatible avec les principaux services de musique hi-res en ligne, tel Qobuz ou Tidal (parce que c’est la nouvelle manière de consommer la musique) et un préamplificateur permettant d’écouter d’autres sources analogiques et numériques et d’alimenter directement un amplificateur ou des enceintes actives.

Nul n’est prophète en son pays.

Le TWO est le seul produit de la marque actuellement et constitue son flagship ,mais un THREE est en préparation et devrait voir le jour prochainement pour rendre la marque plus accessible tout en offrant à l’audiophile déjà un très haut niveau de performance.
Vermeer Audio reste une marque jeune en France, une entreprise familiale et une aventure humaine qui voit son succès malheureusement en dehors de nos frontières, principalement en Asie et en Allemagne. Et c’est une raison de plus qui m’a poussé à demander au distributeur français, un prêt pour me faire une idée plus précise de la bête. Autour de moi, parmi mes clients et relations audiophiles, j’en connais de nombreux qui ne jurent que par des marques étrangères bien établies et la notoriété spontanée. Je pense à DCS, EMM Labs, Bricasti, Nagra, Esoteric et compagnies, qui produisent toutes de très beaux produits, mais justement des marques comme Vermeer Audio, TotalDAC n’ont rien à leur envier.
Le TWO joue clairement dans la même cour et cela pour un investissement moindre que ces prestigieux concurrents.

Le Vermeer Audio modèle TWO est irréprochable sur le plan technique

En terme d’entrées, l’audiophile aura le choix en analogique de 3 entrées lignes (1 x XLR et 2 x RCA) et en numérique de AES/EBU, 2x SPDIF (RCS et BNC), USB, Toshlink et LAN RJ45…

Côté sortie, vous aurez le choix en symétrique XLR et asymétrique RCA, de quoi contenter tout le monde, mais l’XLR m’a donné les meilleurs résultats tout en restant dans la subtilité.

Le TWO possède du tube en étage de sortie avec un contrôle de volume lui permettant de se substituer à un préamplificateur. Pour avoir mieux que cette fonction préamplificateur interne, je ne disposais pas de beaucoup d’alternative, mais il aura fallu que je l’associe à mon ancien ARTEC Absolute SE50P à plus de 15 k€. Cela ne veut pas dire qu’en dessous de ce prix, il n’y ait rien qui matche avec le TWO bien sûr, mais cela est révélateur de la qualité de l’appareil. Dans un coin de ma tête, j’ai une pensée pour le préampli Helixir Audio DSCP à moins de 4000€, qui est à mes yeux « THE PREAMP KILLER ». J’aurai bien aimé lui mettre derrière un EAR Yoshino 912 ou 868 pour voir, mais je n’en avais pas sous la main. A noter que les tubes ne sont pas interchangeables, ils sont soudés sur la carte, il s’agit de petits tubes triodes NOS Thomson 6021 , choisis avec la plus grande attention et cryogénéisés. Encore une filiation avec Audio Aero.

Si toutes les télécommandes etaient aussi jolies et quali…

Le coeur du TWO reste néanmoins son DAC qui suréchantillonne tous les signaux en 32bits/384kHz avec un naturel évident. Un travail spécifique a été fait sur la Master Clock pour diminuer la gigue et le bruit de fond. La plupart du temps je ne suis pas fan du phénomène d’upsampling et même chez un maître de la conversion que je ne citerai pas, je recommande au client de ne pas prendre l’upsampler, mais pas contre de clocker son drive et son DAC. Donc méfiance de prime abord… méfiance vite envolée à l’écoute.

Vermeer model twoJe l’ai raccordé en SPDIF/RCA avec un lecteur Audio Note AN-CD2 et un Grand Chorus Artec sur batterie, en USB avec un MacBookPro, et surtout en RJ45 avec un disque dur externe jusqu’à ce que je rencontre quelques problèmes de réseaux internet en passant du gros système de l’auditorium au système du salon. Mais qu’elle que soit la source, le résultat est excellent. Pour la partie réseau, le TWO utilise le protocole universel UPnP qui lui permet d’accéder à l’ensemble des fichiers stockés à travers le réseau internet de la maison.

Pour les fanas de haute résolution, le TWO lit les formats DSD

Il devrait être prochainement Roon Ready, ce qui devrait plaire à bon nombre d’amateur de cette ergonomie et des datas recueillis sur les artistes et albums.

Très grande homogénéité et naturel à l’écoute

Mes impressions d’écoute sont assez positives en comparaison avec les DACs que j’avais ou que l’on m’avait prêté sur cette même période, je pense même que c’est le meilleur.  Certes le PlayBack Design Sonoma est très bon, tout comme mon DACute EAR Yoshino l’est également, ce dernier traverse les années et reste mon point de repère. Il garde ce côté musical et « foot tapping » jouissif que j’apprécie tant, quitte à avoir un peu moins de détails et de performances aux extrémités du spectre. Il est vrai que ces 2 convertisseurs représentent aussi un 1/3  du budget du TWO, il est donc logique (mais encore faut-il le vérifier) que le Vermeer Audio semble jouer à l’étage au dessus 🙂

Pour aller plus loin je ne lui ai pas trouvé de faiblesse, c’est déjà un premier point. Il y a beaucoup de détails et de finesse dans la restitution mais sans aucune dureté, il n’a pas le côté opulent du tubes, mais la matière est là. C’est assez transparent et aéré comme écoute,  l’aigu est très fin sans agresser, sur l’album de Lua Ya avec Aaron Parks,  la voie comme les cymbales sont cristallines,  il ne manque pas de grave sur la contrebasse du Syracuse de Jean-Pierre Como. Enfin la tessiture de voix de Mark Knopfler sur l’album Impression du trompettiste Chris Botti  est superbe de naturel.
La scène sonore est également très belle avec de la largeur et de la profondeur, l’ambiance sur le fameux Jazz at the Panwnshop est très réaliste.

Très facile à intégrer et finalement économique …

Cela va faire bondir certains parce que l’on parle d’un budget très conséquent, mais lorsque l’on parle de high-end en hifi, le TWO constitue une « bargain » comme disent les anglais. Dans un seul élément de faible encombrement, avec une finition très classe, il regroupe plusieurs appareils : préamplificateur à tubes télécommandable, convertisseur DA de haut niveau, lecteur de musique dématérialisée (services de streaming , disques durs externes, radio internet). Vivement l’écoute du petit frère.

Prix Public : 25 000€ttc

Site constructeur : http://www.vermeeraudio.com/

Excellente association avec câbles Bibacord : Power en secteur, SPDIF/RCA en liaison numérique et XLR en analogique.